La forge neuve

FER - FONTE - ACIER

QUELLE ARRIVEE POUR CE RELAIS DE FEMMES ?

"On a souvent souligné le rôle des femmes dans la naissance de l'esprit nouveau... Leur influence, d'ailleurs, dépasse les salons...(des femmes...,sont parfois chefs d'industrie)."* (A. Bourde).

Après le décès de Boyer en 1753, la Forge Neuve est dirigée en régie par Piot* secrétaire du Conseil des Princes puis par l'intendant régisseur des domaines au château de Châteaubriant : du Breil du Chastellier*... Marie Charrault, résidant à la Forge, peut continuer son rôle d"homme de l'art" jusqu'au moment ou Pierre Dauffy du Jarrier, alors directeur des forges de Martigné, devient régisseur* de la Forge Neuve à compter du Ier Juillet 1760.

Auparavant Pierre Dauffy du Jarrier (le Jarrier à Soudan proche de la Blisière) était commis/directeur* de la forge d'affinerie du Plessis Meslé et cumulait probablement la fonction de commis des forges de Martigné et la Blisière pour la comptabilité et la vente des fers. Les fers affinés en cette forge du Plessis Meslé étaient dégrossis en encrenées*, pour n'être forgés qu'à Martigné en barres de fers marchands ; ceci afin d'économiser le bois devenu rare à la Blisière depuis que le Conseil des Princes réservait les affouages de la forêt de Juigné* essentiellement à sa forge de Moisdon, tandis que les forges de Martigné et la Blisière appartenaient aux Saget de la Jonchère (la Jonchère près la Blisière) : "imbroglio" Chaillou. Le fourneau de la Blisière est arrêté* en 1749 et est sans doute le seul fourneau du 18ème siècle encore visible*, dans toute sa hauteur et ouvert de haut en bas, une moitié s'étant écroulée.

Les dames du fer :

Vingt-sept ans après l'abandon par Saget de sa forge de la Blisière/Plessis Meslé, Louis-Joseph Condé accroît ses bénéfices sidérurgiques en rachetant en 1776 à Charles-Jean Locquet de Granville la vieille forge de la Hunaudière. Selon les pratiques seigneuriales la somme est avancée par les fermiers preneurs, Charles Maurice Picot de Coëttual et le fermier général des terres de Bretagne, Gérard Malherbe de Vannes.

La Hunaudière est dirigée par Louise de la Chaponnière Dame de Coëttual, et son fils Charles Marie remanie l'usine de toutes parts. A partir de 1785, à la veille de la Révolution, les preneurs y édifient à leurs frais*, sous une nouvelle chaussée, la fenderie anciennement située à Chahun 2 km en amont, et reconstruisent une affinerie moderne sur le modèle de la Forge Neuve, mais avec 3 foyers d'affinerie dont un foyer au manteau galbé est encore visible; selon acte "l'utilité des différentes augmentations faites à cette forge" tout est remplacé ou rénové : halles à charbon, fourneau, maisons d'ouvriers, maison du directeur... *, cette modernisation est réalisée aux frais des fermiers, nous avons vu le maître de forge Huet critiquer l'incorporation de la fenderie à la forge.

A la Forge Neuve en 1787, dans ce même courant de modernisation, le déversoir et le pont "des bourbiers" sont reconstruits ainsi qu'une halle à charbon supplémentaire; ce grand bâtiment pour emmagasiner le menu charbon d'affinage est remarquable par son vaste toit à la Mansart.

Le directeur Pierre Dauffy du Jarrier avait été remplacé en 1768 par le couple Kolhaubt* dont l'épouse, Jeanne Marie André, avait succédé à son père en 1761 comme arpenteur des bois et commis de la forge d'affinerie de Gravotel* à Moisdon construite par Marie Pavy* en 1725. Le père de Jeanne Marie* était aussi ingénieur des Ponts et Chaussées et put ainsi l'initier aux forges et à la topographie : elle se révèle remarquable gestionnaire et de plus, des cartes* importantes nous sont restées notamment la "Carte Topographique des Terres, Forges et Domaines de la Baronnie de Châteaubriant avec les plans des Forêts et Bois dépendants de la Maîtrise appartenant à S.A.S MONSEIGNEUR LE PRINCE DE CONDE en la Province de Bretagne. Levée très exactement par Mme André Kolhaubt, géomètre de la forge de Gravotel".

Le feu aux poudres :

Sitôt la Révolution, Condé émigre; le couple Kolhaubt transmet la Forge Neuve à la République mais l'épouse meurt* en 1792, puis le mari le 19 mars 1793; la régie est confiée à leur neveu Fidèle Amand Garnier lequel est aussi Procureur de Moisdon et est emprisonné dès Mars 1793 pour troubles à l'ordre public, son frère Augustin Garnier, directeur à la Provostière, décède en 1794. La régie de la Forge Neuve est alors remise aux mains du révolutionnaire François Demangeat* le 20 avril 1794.

Durant cette période troublée la continuité est assurée par la direction technique d'Augustin Rocher* lequel mourra le 3 Août 1794, assassiné par les chouans. L'administration et la gestion de Perrine Lainé*, femme Vallière, sont appréciées; premier commis aux forges son traitement avait été augmenté, le 27 août 1793, de 700 à 900 £ivres* (J. Meyer) : "c'est elle qui a veillé à tout, maintenant l'ordre et rempli la place de commis au fourneau vacante. Si la machine ne s'est point arrêtée, on le lui doit en majeure partie."


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© Georges Vanderquand
(2000)